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L'Emma, récit du naufrage de la goélette d'Alexandre Dumas dans le golfe de Fos

Cette aventure débute en 1863. Le capitaine Magnan, aventurier natif d’Aubagne, entreprend une expédition le long du fleuve Niger. Après avoir constitué son équipage et réuni les moyens financiers nécessaires à son entreprise il va quérir son ami, Alexandre Dumas, au château de Monte Cristo. Ce dernier lui offre généreusement son aide. L’écrivain, regrettant de ne pouvoir se joindre à l’expédition, met à sa disposition sa plus luxueuse propriété maritime : la goélette l’Emma. Il promet aussi de valoriser ce voyage via la presse et ajoute : «  je ne négligerai rien pour vous créer des alliés dévoués dans tous les clans de journalistes ».

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Parti le 12 décembre 1864 du port de Marseille, la goélette n’atteignit jamais le delta du Niger car à peine sortie, elle fut prise dans la tempête. Le capitaine Magnan témoigne de l’ardente lutte nocturne de son équipage. Il choisit de mouiller aux Aigues Douces mais les ancres ne tiennent pas et le navire file vers Saint Gervais.

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La suite du récit est écrite par Alexandre Dumas lui-même :

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Le naufrage de l'Emma, par M. Cuisinier, passager de l'expédition, dans Le Monde Illustré, 31/12/1864.© Bibliothèque Nationale de France.

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Le Monde Illustré, 7/01/1865. Bibliothèque Nationale de France.

«  A six heure du matin, l’Emma continuant à chasser sur ses ancres en partie brisées, a donné un premier coup de talon. Plusieurs des marins de l’équipage, croyant qu’elle allait immédiatement sombrer, sautèrent à la mer malgré la nuit noire, malgré les vagues qui étaient énormes. Les sauveteurs, c’est-à-dire le capitaine d’un navire impérial, le « favori », le commissaire maritime et monsieur Vidal, en mission scientifique sur le « Favori », et duquel nous tenons ces précieux détails, les virent arriver les uns après les autres sur le rivage, mais, malgré les affirmations qu’ils donnaient que personne n’était resté à bord, accompagnés de quelques hommes dévoués, ils s’approchèrent le plus possible du lieu du sinistre en marchant au milieu des vagues. Ce dévouement fut récompensé : trois hommes étaient restés à bord. […] Le capitaine s’élança le premier en criant En avant ! Il fut suivi par le commissaire maritime et Monsieur Vidal. L’exemple du courage est contagieux en France. »

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L’Emma emportait avec elle trois souvenirs précieux d’Alexandre Dumas : la plaque de la grande croix de Charles III, une lampe de cabine, cadeau de la princesse impériale Mathilde et le portrait d’une femme qui avait donné son nom au navire. Sans oublier les riches ornementations de son salon d’apparat qui distinguait cette goélette au titre de Yacht. Malheureusement deux membres de l’expédition se noyèrent. Un campement sommaire fut alors improvisé sur la plage afin d’organiser le débarquement des marchandises du navire échoué. L’un des membres d’équipage précise : « qu’il me suffise de dire que les riverains se montrèrent aussi peu hospitaliers envers les naufragés que si le désastre eut lieu sur les côtes les plus barbares de l’Afrique ou de l’Océanie. » Ce camp forcé à Fos dura près de deux mois.

Malgré ce, Léon Vidal, habitant fortuné du secteur de La Gaffette et futur maire de Port de Bouc, obtient une médaille d’honneur de deuxième classe en or, décernée par le ministre de la marine pour « sa belle conduite à l’occasion du naufrage du navire l’Emma sur la plage de Fos ».

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Céline Felices

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