Le  pont ferroviaire de Caronte inauguré le 15 octobre 1915 joint les deux rives du Canal. Cette ouverture de ligne va jeter aux oubliettes le projet de tramway de Marseille à Port-de-Bouc, envisagée un temps par Monsieur Evesque. Ce pont de chemin de fer a été détruit par les Allemands en 1944, et remplacé par un pont neuf reconstruit rapidement pour permettre la reprise de la circulation ferroviaire.

Témoignage écrit par René Rieubon, maire de Port de Bouc de 1944 et 1990, résistant :

Il fait nuit. Depuis longtemps, nous avons mis notre fusil en batterie au coin du Cyrnos, derrière le parapet qui borde la terrasse des immeubles où se trouvent aujourd'hui le Crédit Lyonnais.
Il est plus de 22 heures, soudain, je dis à mes camarades :
"- Les ponts du chemin de fer et du canal : seuls accès à Port de Bouc sont minés, je dis à Gaby Borgialo. As-tu une hache chez toi
- Oui, me dit-il.
- Cours la chercher."
Son bar est à peine à 100 m en quelques minutes il est de retour.
Nous nous précipitons sur le pont du canal qui se trouve à 50m. Je monte sur la rambarde avec la hache à la main. Borgialo et Torres me tiennent par les jambes. A grands coups de hache, je coupe tous les câbles apparents qui sortent d'un gros coffre en bois dans lequel se trouve l'explosif.
Nous regagnons aussitôt notre refuge où se trouve notre fusil mitrailleur. A peine y sommes-nous installés qu'une immense explosion avec des flammes énormes se produit sous nos yeux. Le pont de la SNCF vient de sauter et s'écroule dans le canal. Une pluie de gravats, puis le silence dans la nuit noire. Nous écoutons, craignant une seconde explosion, celle du pont du canal. Rien ne se passe. Au bout d'un moment nous respirons. Enfin nous avons bien sauvé le pont. Un seul paquet d'explosifs se trouvait sur l'arche Est et un autre sous la dalle du pont. Nous avons eu de la chance car les câbles commandaient les deux charges en même temps.